Où il est question de Saint Domingue, de cacao bio et de commerce équitable

Il y a des endroits dans le monde où les fruits n’ont pas le même goût qu’ailleurs. C’est le cas de la République dominicaine où même le cacao se distingue. Plus biologique, plus fin et plus primordiale qu’ailleurs, c’est ce dernier qui a poussé Phileas sur les rives de l’île des Caraïbes. Cacao de Saint Domingue par-ci, cacao de Saint Domingue par là… Notre globe-trotter préféré ne croit que ce qu’il goûte. C’est donc décidé à lever ce mystère sur cette terre bénie par les dieux du cacao qu’il a embarqué. Un périple qui commence par une mésaventure: fond, double fond, triple fond; aucune trace de maillot de bain dans la valise. Qu’à cela ne tienne, notre aventurier revêtira sa tenue habituelle pour tenter dans savoir plus sur l’or noir de Saint Domingue.

Saint Domingue Terre de Cacaoyer

Les cacaoyers apprécient autant le climat de République dominicaine que les touristes qui se ruent sur les plages de Punta Cana. A une différence majeure toutefois, les cacaoyers coulent eux des jours heureux à l’intérieur des terres. A l’ombre des arbres indigènes, des bananiers ou des avocatiers, ils profitent d’un climat tropical humide. La variété des cacaoyers cultivée sur l’ile n’est pas étrangère à son excellente réputation. En effet, Forastero, Trinitario et surtout le très réputé Criollo sont cultivés à Saint Domingue. Le Criollo est particulièrement prisé car rare et rare car difficile à cultiver. L’arbre est fragile et demande énormément de soin pour un rendement faible. A Saint Domingue, sa production, bien que faible, participe à la renommée de l’île en tant que terre de cacao d’excellence.

Mais tout ce cacao a fini par ouvrir l’appétit de notre Phileas (oui, vous aussi sans doute). Sauf qu’entre le cacao et le chocolat, il y a un monde…. Mais entre la cabosse et la fève, il y a de la pulpe. Et cette dernière, bien mûre, est fraîche et sucrée. On en fait même du jus frais en République dominicaine. Un rafraîchissement tropical bienvenu en tous cas pour un Phileas de plus en plus sous le charme de l’île et de ses trésors.

L’agriculture biologique: le choix audacieux de la République Dominicaine

Cet environnement propice au cacaoyer, c’est aussi ce qui permet aux exploitants de cultiver des cacaos bios. Mais le climat n’est pas le seul artisan de cette performance – loin s’en faut. La République dominicaine a entamé sa transition assez tôt: fin des années 80, sous l’impulsion de fondations privées et du gouvernement. Une transition fortement encouragée par la demande mondiale et un prix des produits conventionnels relativement bas. Ainsi, aujourd’hui plus de 80% des surfaces cacaoyère sont cultivées en bio et la République Dominicaine est le premier exportateur mondial de cacao biologique.

Par ailleurs, les exploitants se sont organisés en coopérative et l’union a fait leur force. Ils ont ainsi notamment à plusieurs pu investir dans des unités de traitement post-récoltes. Caisson de fermentation, table de séchage et de tri permettent d’exporter du cacao fermenté et donc plus fin. Ils peuvent aussi bénéficier par l’intermédiaire d’organisations plus larges, d’unités de transformation. Ces organisations et investissements ont permis à Saint Domingue d’exporter un produit quasi-fini très appréciés sur le marché.

Du cacao issu de l’agriculture biologique, aux arômes plus fins… les choses se précisent pour Phileas.

L’or noir de Saint Domingue ?

Mais le cacao de Saint Domingue ne se démarque pas seulement par ses qualités (production biologique et qualitative). Il est également une source de développement important pour le pays et plus spécifiquement pour les petits producteurs qui le cultivent évidemment. Pour comprendre cela, Phileas a décidé d’aller à la rencontre de ses cultivateurs. Ces derniers ne sont pas de gros exploitants, 4 ou 5 hectares en moyenne. Et le cacao chez eux, se cultive souvent en famille (90% de leur revenu). On le produit sous couvert forestier d’autres arbres fruitiers (avocatiers, bananiers, mandariniers, papayers) qui offrent souvent un complément de revenu. Mais pour vivre décemment de leur activité, ils peuvent compter sur le programme Fairtrade. Ce n’est pas juste un mot ou un label et il suffit de s’intéresser aux producteurs et à leur quotidien pour s’en rendre compte.

Le goût du cacao équitable

En cela, les organisations nationales jouent un rôle primordial d’interface entre les agriculteurs en République dominicaine et les acteurs du marché. Conacado par exemple est une organisation nationale qui fédère près d’un quart des producteurs (soit environ 10 000) répartis dans 182 coopératives. L’ensemble de l’organisation est certifiée commerce équitable. Cette certification garantie un juste revenu aux producteurs. Les primes de commerce équitable permettent également à Conacado d’investir dans des infrastructures, des installation ou des moyens de transport pour pérenniser l’activité des paysans.

Elle tient également un rôle important dans la promotion de l’agriculture biologique en encourageant la transition grâce à des crédits à taux zéro et de la formation. Enfin, cette prime a un apport social non négligeable en permettant de financer des centres de santé ou des écoles. En République dominicaine plus qu’ailleurs, le cacao est un levier puissant de développement et s’il faut manger du chocolat pour apporter sa pierre à l’édifice d’un système plus équitable… notre barbu ne se privera pas.

Un modèle à dupliquer? C’est certain. En tout cas pour Phileas, une chose est sûre, le cacao Bio de Saint Domingue n’a pas le même goût qu’ailleurs. Mais ce n’est pas seulement parce que le climat est favorable.

Pour en savoir plus sur l’importance du commerce équitable dans la filière du cacao ou sur le travail de Conacado.

 

 

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